Laurence Baqué-Williams
Laurence Baqué-Williams écrit comme elle respire ou comme elle plaide. Avocate de métier, elle interroge la vie et l'innocente par la fraicheur de son verbe ou la condamne par sa fausse naïveté. Ses poèmes sont des friandises à lire avec le sourire.
Et sinon ?
Je veux être le centre de toutes les attentions
Je veux être la tête de toutes les rebellions
Je veux trouver toutes les solutions
Je veux accepter toutes les compromissions
Je veux rester où l’on ne m’attend plus
Je veux administrer la ciguë
Je veux offrir l’élixir du salut
Je veux être la planche vers l’inconnu
Je veux être comprise sans parler
Je veux pardonner sans oublier
Je veux ne plus avoir un corps
Je veux ne jamais avoir tort
Je veux être vivante et immortelle
Je veux être la réalité virtuelle
Je veux être victime et voleuse
Je veux être maigre et voluptueuse
Je veux être prise au sérieux
Je veux faire rire les cancéreux
Je veux avoir chaud et souffler le froid
Je veux cajoler les tristes (é)mois
Je veux l’envers et son contraire
Je veux la poule et la panthère
Je veux la célébrité éternelle
Je veux l’oubli des péronnelles
Je, je, je
Un point c’est tout
Enfin tranquille et sans tabou.
Et toi,
Tu veux quoi ?
Jasmine
Je doute et m’interroge.
Allons donc, ouvre les yeux !
Si tu trébuches et perds les éloges
Maintes fois attendus de tes vœux,
Imagine le haut des vagues et le bas des creux ;
N’oublie pas le rouge du ciel
Et le goût du miel.
Poème illustré
Alors que les jours raccourcissent
Et que grillent encore quelques saucisses,
Alors que les feuilles jaunissent
Et que les ventres s’arrondissent,
Tu nais.
Alors que les jeux se déploient
Et que les parties perdues testent ton désarroi,
Alors que les chevaux sont maladroits
Mais que jamais tu ne les déçois,
Tu grandis.
Alors que tes cils se courbent
Et que tes lèvres esquissent parfois un sourire fourbe,
Tu cherches ton chemin.
Alors que nos corps s’éloignent
Et que nos cœurs se rejoignent,
Tu prends ton envol.
Bon anniversaire mon amour,
Que chaque expérience soit le plus palpitant détour
Te menant aux plus heureux de tes jours.
Tiré d’une histoire irréelle
Tous les vingt ans nos lèvres se touchent
Et ouvrent la porte d’un destin renié
Ta main dans mes cheveux fatigués
Mon regard dans tes yeux anisés
Une croisée des chemins
Qui questionne à chaque fois
Avons-nous suivi celui qui était le tien
Ou embrassé mon jeu de l’oie
Aurores gersoises ou nuits landaises
Ont sensuellement protégé nos corps
De nos fantasmes et autres fadaises
Mais non sans nous permettre encore
De rêver à ses multiples peut-être
Les heures sont longues
Et les fauteuils en bois hêtre
Nous nous tiendrons encore la main
Quand sonnera le dernier gong
Sans savoir pourquoi, sans savoir rien.
La moitié du monde
Ma moitié adorée
Parce que j’aime le fait
Que tu ne sois mon égale
Mais une portion idéale
Fées, sylphides et dryades,
Jolies jambes de naïades
Sorcière écartelée puis brûlée
Un soir de juin dans la forêt
Douce confidente
Servile domestique
Ton opinion me chante
Si elle n’est pas caustique
Chienne enragée de garde
Tu rangeras ces rangers
Qui pourraient par mégarde
Briser mon petit cœur
Tu voudras bien également
Ôter ce fichu de tes cheveux
Je le trouve aussi menaçant
Que le mascara sur ton œil bleu
La longueur de ta vie me terrorise
Je peux t’aider à l’abréger
Et sur le gâteau, la cerise :
Je continuerai à t’aimer
Maigre, gros ou mince, ton corps,
Pour une raison qui m’échappe,
M’envoûte, coquin de sort
Prisonnier de ta trappe
Tu l’as fait exprès n’est-ce pas ?
Et ta mère avant toi.
Il est donc hors de propos
De te reconnaître en plus un cerveau
Sois gentille
Sois à moi
Gagne ta vie
Sauve la mienne
Dénude-toi
Tais-toi la bouche pleine
Ne pars pas
Fais-toi discrète
L’avenir t’appartient
Et je le guette.