Nicole Bouquet Mikolo
Nicole Mikolo est née en Allemagne de parents camerounais. Elle a fait des études de communication et de journalisme en France et au Japon. Elle est la correspondante du magazine panafricain Amina au Congo-Brazzaville. Titulaire d’un MBA de l’école de commerce de Paris, elle travaille également comme Responsable Commerciale dans une multinationale française à Pointe-Noire au Congo-Brazzaville.
La nuit s’effiloche devant l’aube
Les digues du silence cèdent
Et se répandent dans le piou-piou
Des poussins
Le quartier vient à moi
Des jambes musclées au karité
Frappent le sol
Elles vont vers des récoltes
Des pains et sourires partages
Le matin entrouvre ses yeux
Dans le silence des collines
Procession multicolore de pagneuses
Aux seins mangues fraiches
Sourires des fleurs
Le long de la nationale
La nuit s’émiette devant le soleil
Il sort de sa tanière
renverse les murs
pénètre dans les maisons
le matin c’est le moment
de battre les cartes
les distribuer et jouer
de nouveau.
Je suis une femme
Je suis un poème
Ne t’arrête pas à ce que tu vois
Mais à ce que tu peux imaginer
A ce que tu peux définir
A ce que tu peux éplucher
Je suis un poème à deux sens
Qui se veut dite dans son langage et dans sa musique
Pour un amen à une transe de dépouillement.
Je suis le poème des chairs déchiquetées
Le poème de l’écorce séchée
Le poème de l’amertume des anges
Le poème de l’ascension adulant la pesanteur…
Ne t’arrête pas à ce que tu vois
Mais à ce que tu peux imaginer
A ce que tu peux définir
A ce que tu peux éplucher
Je suis une femme
Je suis un poème.
Des vers qui se déploient dans le lointain
Ou l’acte de vivre est un poème sans refrain
Se fredonnant de toutes les âmes
Qui montent et descendent
Dans leur propre vision de l’être.
Poème de vie et de contre vie
Que tu peux dire dans ta langue
En battant la mesure de l’infini.
Je suis faite de mots non-dits
De messages envoyés et reçus
D’occasions manquées et ratées
Epinglée entre le réel et l’irréel
Je suis une histoire
Femme terre
Femme cours d’eau
Femme flamme
Je suis celle qui lèche des ulcères
Je suis la femme pêle-mêle
Enceinte de chagrin et de tendresse
Je suis un poème.
J’ai rencontré le mépris
Il était vêtu de blanc
Ses cheveux étaient lisses
Les paroles qui crépitaient
Déchiquetaient mon visage
Brulaient ma peau
Eclataient mes veines.
Elles étaient l’ensemble des poubelles
Du monde.
J’ai rencontré la condescendance
Elle portait un short blanc
Ses cheveux étaient protégés par un casque
Les mots qui dégoulinaient
Étaient puants
Plutôt mourir que lui obéir
J’ai serré les poings
Lui éclater le visage
Mettre ses yeux bleus
Dans la bouse de vache
Ai-je pensé
Pourquoi a-t-il inscrit au fronton
De ses édifices liberté égalité fraternité ?
Tu ne viendras pas
A bout de moi
Tu peux me rabaisser
avec tes calomnies
Tuer mes soleils
Enflammer
Mes tresses
Je tiendrai
Tu ne viendras pas
A bout de moi
Tu peux briser mes veines
planter l’ortie autour
De mon nom
Avec les pierres jetées sur moi
Je me construirai
Tu ne viendras pas
A bout de moi
Ma liberté est agonisante
Pourtant
Je pêche des étoiles
Cette chaine autour de
Mon cou je la brise